La Liberté

Je n'avais cessé de courir, pas même un instant, je ne sentais pas la fatigue tant j'étais pressé de retrouver mes terres, hors de question de regarder en arrière pour moi.
C'était la liberté, le pouvoir absolu dont nous pouvons vraiment nous exalter qu'une fois perdu puis retrouver. C'était cent fois plus fort qu'être amoureux, c'était comme vivre de nouveau. Les yeux river vers le sol que je voyais défiler à tout allure, j'avais tracé tout droit, me fiant à mon instinct, pas le temps de se poser des questions.
Je savais que dès que j'apercevrais le rocher de la fierté à l'horizon, je m'en serais sorti, j'avais cette image graver dans la mémoire,
la savane avec sur côté l'étang et en fond le rocher pointant vers le ciel. Cette image restais au premier plan de toutes mes pensées.
Je redressais la tête et sera fort les paupières, ma gorge était tellement sèche que c'était comme si l'on m'avait entailler le fond de la bouche et que l'on me faisait avaler du sable.
Mais je poursuivais sans relâche ma course jusqu'au moment où j'ouvris les yeux et du m'arrêter net devant le vide qui se formais devant moi.
Un ravin pas bien haut, en faisant bien attention on pouvait glisser jusqu'en bas, mais ce qui m'intéressait bien plus encore, c'était la vu.

La savane, l'étang, le rocher et la jungle, tout y était en tournant la tête je pus même apercevoir les terres interdites où je n'avais pas souvent mis les pattes,
je n'en avais aucun souvenir et de toute façon à cet instant c'était le cadet de mes soucis. Je restais quelques secondes à observer la vue avant de repartir dans ma course.
Je sautais sur le bord du ravin et me laissa glisser penché en avant, pour la stabilité, le derrière lever haut en l'air, je terminais par sauter par terre et repartir en courant...

Arrivé à la savane, l'étang..... Où l'herbe y était verte, fraîche et épaisse. C'était magique, je me roulais dans l'herbe, battant des pattes en l'air, grognant et gémissant,
tel un lionceau, un très gros lionceau. Je poursuivis mes galipettes, qui consistaient à se rouler par terre,
à flairer la moindre odeur ou bien à arracher l'écorce des arbres en tirant dessus de toutes mes forces avec l'aide de mes griffes,
pour détendre mes muscles qui venaient d'être plus que solliciter. Pour finir je m'étalais sur le dos dans l'herbe et ferma les yeux un instant pour profiter de cette atmosphère.

° Saurel

S’il y avait une chose sacrée sur cette terre, passé un certain âge, c’était le moment de la sieste. La vieille Saurel, en tant que dernière survivante de sa génération, avait eu tout le loisir d’étudier les postures et les lieux stratégiques pour chaque type de fatigue, de la plus légère somnolence au plus profond coup de pompe. Elle commençait aussi à connaître les petites de toute la tribu et savait deviner, à la couleur du ciel matinal, le programme de chaque individu avant même qu’il n’y réfléchisse. Elle pouvait ainsi organiser le sien à sa guise, en un lieu déserté quand elle voulait la paix ou peuplé quand elle souhaitait attiser les rancœurs.

C’était dire combien l’épave qui lui servait de corps aspirait à la tranquillité. Si elle avait choisi ce petit bosquet d’arbres rabougris, ce n’était pas totalement par hasard : les lionnes de Sa Majesté le trouvait trop poussiéreux pour une journée aussi sèche (elles lui préféraient les oasis), mais la sœur de Zira connaissait un petit coin, juste au creux d’un rocher, où l’ombre des troncs protégeait du vent et du soleil pendant plusieurs heures d’affilée. L’idéal pour se reposer, mais aussi pour s’éveiller à temps avant que la nuit tombe.

Pourtant, ce jour-là était différent. Alors qu’elle émergeait à peine de son premier sommeil, des bruits l’empêchèrent de plonger dans le deuxième : herbe écrasée, griffes élimée, relent fauve tout en sueur, comment encore dormir dans une telle puanteur ? La lionne grogna bien son mécontentement, mais il était trop discret. Dans un soupir désespéré, elle fit craquer ses os pour se redresser et gourmander l’intrus d’une voix endormie :

« C’est l’heure de la sieste. N’as-tu donc aucun respect pour tes aînés, jeune impudent ? »

Une voix grinçante de vieille lionne résonna au-dessus de moi, coucher dans les hautes herbes. Jeune impudent?
Ça ne devait certainement pas être à moi que l'on s'adressait. Mais.... Il n'y avait personne.... Je fronçais les sourcils et me redressa, grognant comme d'habitude.
Je cherchais d'où provenais cette voix de lionne. De lionne. Je devais calmer mes ardeurs,
j'étais tellement excité de me retrouver ici que si on me cherchais j'étais prêt à pulvériser quoi que ce soit, par pur instinct, je fonctionnais énormément par instinct.
Aucour de ses années j'avais perdu totalement contact avec le fait d'être quelqu'un de sociable, j'étais donc un peu redevenu un lion se basant principalement sur son instinct,
comme devais surement l'être nos ancêtre. Je commençais à fouiner un peu, il n'y avait pas beaucoup de plaque, à moins qu'elle soit couché dans les hautes herbes,
là, pas moyen de la retrouver. En tout cas, j'en suis certain, elle n'était pas très loin, il ne me restait plus qu'à fouiller les buissons environnement. Ainsi de suite,
je m'approchais des buissons les un après les autres et regardais ce qu'il s'y cachait. Les trouvailles de quelques lionceaux...
Jusqu'à tomber sur là lionne, une vieille lionne somnolente que je venais de tirer de son réveille. A présent je pouvais me poser la question, pourquoi je la cherchais?
Et surtout, sur quoi je croyais tomber. Une belle lionne qui m'inviterait à faire un tour dans son buisson? Hm....

Je la fixais et finis tout de même, instinctivement, par m'approcher pour finir le museau tout près de son cou pour sentir son odeur.
Cette odeur me disait quelques choses, je l'avais déjà rencontré autre-fois, je n'avais aucun doute la-dessus. Mais qui pouvait-elle bien être?

De son temps, quand une vénérable lionne réclamait un peu de silence pour sa sieste, même les sales gosses avaient au moins la décence de foutre le camp sans demander leur reste. Le sale petit vandale, lui, farfouillait de plus belle les hautes herbes dans un bruit monstrueux avant de se planter sous son nez. Littéralement sous son nez, puisqu’il enfonçait son museau dans sa pauvre petite nuque qui n’avait rien demandé.

« Veuillez garder vos distances, espèce de sauvage ! protesta-t-elle en dévoilant agressivement les quelques dents qui lui restaient. Nous n’avons pas été présentés. »

Non mais c’est vrai, pour qui il se prenait ? Sa mère ne lui avait jamais appris les bonnes manières ? Jamais un de ses petits n’aurait osé se conduire ainsi – jamais ! Ou elle les aurait égorgés sur place. En plus, il sentait une drôle d’odeur, et c’était pas que de la sueur. C’en était trop pour son museau délicat.

« Et allez donc vous laver, lui conseilla-t-elle par ailleurs. Je sais pas où vous avez été vous fourrer, mais ça empeste. »

( Mdr, tu joue très bien la vieille peau. )

Je reculais le museau et la regarda sans rien dire alors qu'elle me faisait la morale. Elle avait de la chance d'être du clan. Je ne pouvais pas la toucher.
Alors, je me contentais de faire une petite mou alors qu'elle m'accusait de sentir plutôt mauvais. Incroyable que cet être vivent encore. Si seulement elle savais où j'avais été fourré.
Il était vrai qu'un bon bain me faisais très envie à cet instant. Il y avait l'étang, pas trop loin, devais-je répondre à la lionne ou bien d'abord partir l'étang?
Dans tous les cas je n'allais pas rester là à la regarder. Je sortis vite fait de son buisson. D'ailleurs je pouvais toujours le déraciner pour l'agacer.
Tien! Elle avait été désagréable avec moi! Quelle merveilleuse idée j'avais là! Un sourire machiavélique apparus sur mon visage alors que j'observais la base du tronc du buisson.
Je fis tranquillement le tour puis saisis le bois entre mes crocs, enfin, je tirais, tordais et mordais jusqu'à ce que finalement le " crac " se fit finalement entendre et que je pus voir le buisson s'effondrer. Dès lors un petit rire sortit de ma gorge. Tien. C'était étrange, ça devait faire des années que je n'avais pas ris, que j'avais même pas essayé.
Je me fis donc plaisir et continuais de rire en attendant de voir la lionne sortir de son terrier. J'étais près à recevoir les griffures et les morsures qu'elle devait certainement me réserver.
Quoi qu'elle fasse il serait bien difficile de me faire perdre ma bonne humeur à présent.

Bon, au moins la réprimande, il connaissait : il avait sagement battu en retraite quand elle l’avait complimenté pour son odeur corporelle. C’était toujours ça de gagné, même si quelques excuses ne lui auraient pas déplu. Elle ne les aurait pas acceptées tout de suite, bien sûr, mais au moins cette marque de modestie lui aurait-elle redonné espoir en la nouvelle génération. À défaut, elle s’estimait heureuse de pouvoir reprendre sa sieste dans un semblant de paix.

C’eut été trop beau, hélas : sitôt avait-elle rentré la tête dans le nid de ses coussinets qu’un grand bruit la fit sursauter. À gauche, à droite, le buisson tanguait dangereusement sous la pression d’une force inconnue, jusqu’à ce qu’il cède pour révéler l’entrée en scène… d’un lion hilare. Ha ha. Ha ha ha. Quel humour renversant ! Saurel s’en trouvait absolument… excédée.

« Je vois, admit-elle d’une voix cassante. Le fils caché de ce sagouin de Rafiki et d’Ed la hyène, je présume ? Il a une langue, le bâtard, ou la lui a-t-on arrachée à la naissance pour qu’il ne déverse plus ses inepties dans les oreilles chastes des honnêtes lionnes ? »

Si ses griffes n’étaient plus aussi vives qu’elle le voulait, sa langue n’avait rien perdu en souplesse avec les années.