L’infirme [Kovu]

° Saurel

Cela avait commencé par un frisson. Une brise un peu plus fraîche qu’une autre qui jouait aux castagnettes avec ses vertèbres. Crispée, elle avait ouvert un œil, puis un autre, pour ne rencontrer que la pénombre. Le sol lui semblait soudain glacial sous ses coussinets usés par une vie de chasse et de petits à surveiller. Ses rares dents claquèrent tandis que sa vue défaillante s’adaptait au manque de lumière. La pâle lumière des étoiles dessina bientôt une silhouette vague qui lui permit de se situer. Les souvenirs remontèrent peu à peu à la surface.

Elle avait profité des derniers de soleil et de la chaleur diffuse du rocher pour se reposer un peu de sa longue marche depuis le lac aux crocodiles. Elle s’était selon toute vraisemblance assoupie, et personne n’avait pris la peine de la secouer pour se mettre au chaud à l’intérieur. Et le soin du aux aînés, hein ? C’était pour les hyènes ? Bande d’ingrats. Elle tenta bien de se relever, mais le froid avait déjà soudé ses vieux os en un bloc rigide, incapable d’obéir à ses instructions. Elle en gronda de frustration.

« Hé, y’a quelqu’un ? Quelqu’un m’entend ? Quelqu’un voudrait pas bouger ses fesses pour m’aider ? »

C’était tellement humiliant ! mais comment faire autrement ?

Kovu

J' arrive à mon point d'observation et fit un tour d'horizon, baladant mes yeux de droite à gauche puis de gauche à droite afin de m'assurer que rien d'inquiétant ne pouvait arriver sur la Terre de mes ancêtres sans que je m'en apperçoive ou soit dans l'impossibilité de réagir. Tout était calme à l'horizon j'ail put donc initier le chemin de retour après toutefois s'être désaltéré.

Après m'être désaltéré, je remonte sur le rocher de la fierté, pensant à mon passé avec ma famille, Vitani, Nuka, Zira... Je soupire et vu Saurel, ma tante soeur de Zira, ma mère adoptive. J'arrive et aida ma tante, dont le besoin. Je lui demande :

"Je t'entend tatie, qu'est-ce qui se passe ?"

Manquait plus que lui, tiens ! la lionne soupira, lasse, en entendant la voix de son neveux. Le même contre qui elle aurait été prête à se rebeller, les rhumatismes en moins. Ce n’était certes pas un mauvais garçon – loin de là ! –, mais elle n’appréciait pas la façon dont il s’était laissé embobiner par cette bande de prétentieux. Si Zira le voyait… mais sa sœur était morte et elle comptait vivre assez longtemps pour voir la fin de cette histoire. Cela réclamait bien quelques sacrifices d’orgueil.

« Ils veulent ma moort, gémit-elle, la voix tremblante de froid. Un jour tu verras il n’y aura personne pour me relever, et ils l’auront sur la conscience. Viens là, aide-moi. Ta vieille tante a besoin de toi… »

Sur ces derniers mots, elle se faisait mielleuse. Peut-être après tout pouvait-elle tourner cet incident à son avantage ?

Kovu savait que sa tante Saurel ne l'aime pas tant que ca. Kovu ne répliqua pas à l'action de sa tante qui venait de soupirer. Il l'aida à se relever et lui répondit d'une voix douce :

-Ils ne veulent point ta mort tante, sinon, je saurais plus de ce monde. Ne voit pas que le négatif. Je t'en conjure, tu es la seule personne auquel je...

Kovu se tut, il ne voulait pas l'embobiner d'avantage. Kovu soupira discrètement et regarda sa tante Saurel, elle est comme Vitani, une "personne" de sa famille d'autrefois, malgré que Zira ne soit pas sa vraie mère et Scar ou plutot Taka, son vrai père!;

*Soupire*

Kovu s'assis et attendit la réponse de celle-ci.

UP !

« Naïve, naïve petite créature ! crachait la vieille, s’appuyant de bonne grâce sur l’épaule du jeune roi. Ils disent t’aimer et tu les crois, mais ce qu’ils aiment en toi c’est ta mollesse : découvre leur vrai visage, et ils voudront ta mort comme ils ont voulu celle de ta race. »

En cela au moins Kovu avait trahi son clan : il se complaisait dans les plaisirs décadents de ces lions de pacotilles alors que l’espoir de l’espèce gisait dans la fange des Terres Interdites. Même cette épaule, même ce regard avait perdu de leur férocité. Aveugle ! sourd ! qu’était donc devenu le fils de Zira – une mauviette parmi les mauviettes, juste bonne à minimiser la cruauté de ses pairs ? Saurel se frictionna, pour relancer la circulation de sa carcasse, puis tourna vers lui un regard mauvais.

« Alors ? j’attends. Que suis-je encore pour toi ? »

Jusqu’où a été la propagande de leur conformisme ? Pouvait-on encore le sauver ?

Kiara, Eden, Taha… elle ? La vieille tante Saurel ferait-elle partie de la famille ? Malgré elle, la lionne se sentit touchée par cette assimilation, même si une petite voix lui soufflait que cette déclaration n’avait sans doute rien de sincère. Ah ! voilà bien la première fois qu’elle ne se serait pas senti insultée de voir son nom aux côtés d’une pimbêche et ses lionceaux. L’expérience de sa sœur l’avait cependant avertie des dangers de l’amour : il faisait du dernier des rachitiques la plus désirable des créatures. Pour lui c’était un compliment, et elle le prenait comme tel – mais gare ! il ne faudrait pas qu’une flatterie mal placée la détourne de son sermon.

« Un bon roi, hein ? railla-t-elle, et à quoi ils t’ont dit que ça ressemble, un bon roi ? »

À une chiffe molle, à un naïf, à l’ami de tout le monde qui laisse passer toutes les folies. O tempores, o mores – triste époque pour une société en perdition. Jamais les dirigeants de son temps n’auraient toléré un tel laissé-faire, son sang bouillait de l’insulte faite à ses ancêtres. Si seulement… mais l’écouterait-il ?

« Tu pourrais l’être, oui, tu pourrais l’être si tu n’essayais pas sans cesse de te calquer sur Simba… sa reine avait assez de jugeote pour deux. Tu n’as pas ce luxe. »

Sa mère l’avait-elle si mal élevé ? Non, non : sa nuque frissonnait encore au souvenir de la preuve du contraire. C’était l’amour, toujours, l’amour faisait de lui un imbécile, et ses enfants aussi. Pourtant, ce n’était pas un mauvais lion. Il pouvait, oui il pouvait ! pour peu qu’il s’en donne la peine, il pouvait devenir ce qu’il aurait du être depuis le début : un roi fort et craint qui inspirerait le respect à toutes les créatures de la savane. Après avoir soufflé le froid, elle mit un peu de chaleur dans sa voix en se frottant tristement à sa crinière :

« Kovu… tu es le fils de ma sœur, mais il l’est aussi. Je ne veux pas que vous vous entretuiez. Trop de gens le rejoignent ou pensent le faire. Ils doutent de toi. Je doute de toi. »

Kovu ne savait que lui répondre. Celle-ci tenait tellement à Kovu au point de s'inquietter pour lui ? Sa tante n'était pas du style à tenir à quelqu'un pourtant malgré l'attachement que lui porte Kovu. Elle faisait parti de sa chère famille et la perdre serait une déchirure mais Saurel ne veut admettre qu'on lui portent de l'affection. Comme si c'était mal d'aimer alors que c'est tout le contraire aux yeux de Kovu.

La vieille carne eut un geste de recul, les yeux froids de haine et de déception. Zira ? Qu’avaient-ils tous à revenir toujours à Zira ? Qu’avait à voir Zira avec la carrure d’un bon roi ? C’était trop simple, trop réducteur ! Le prétexte facile d’une guerre qui dépassait la querelle familiale… Si ses articulations ne la faisaient pas tant souffrir, Saurel aurait foutu une trempe bien sentie au lion, tout roi qu’il était, pour avoir ainsi insulté les partisans de son frère. Toute la vexation passa dans son seul regard.

« Je te parle de politique, et tu oses me taxer de vengeance ? »

Sa voix, sèche, tenait lieu de gifle.

« Ma sœur a choisi sa mort, et en cela elle mérite plus de respect que bien des vivants. Elle a choisi de mourir plutôt que de trahir ses idées. Je ne les partage pas, et ce serait un bien piètre hommage que de prétendre vouloir la venger. Je ne veux pas en arriver là. Personne ici ne veut en arriver là, mais si tu ne te montres pas meilleur roi c’est ce qui va se passer. »

La lionne se rapprocha de lui, jusqu’à être museau contre museau. Dans le blanc des yeux, elle formula sa propre prophétie :

« Tes anciens partisans préféreront mourir sur les Terres Interdites que de protéger une société décadente. »

Saurel soupira. Décidément, ses neveux la désespéraient… que ne pouvaient-ils l’écouter au moins une fois dans leur vie ? Elle avait vécu plus que tous leurs soi-disant conseillers réunis, alors pourquoi cette défiance quand elle se décidait enfin à leur parler vrai ? Elle savait comment chacun pouvait gagner cette guerre et en sortir grandi, mais aucun d’eux ne comprenait l’opportunité qui s’offrait à eux. S’ils continuaient dans cette voie, toute cette rivalité serait gâchée en morts inutiles.

« Oui, il est au moins aussi buté que toi… Vous êtes bien les fils de votre mère, aussi naïfs l’un que l’autre. Sache qu’il a pour lui la force, la rage et la ruse, mais qu’il manque d’alliés. Ta mollesse est en train de lui en donner. La paix n’est qu’éphémère, il est bien trop tard pour la préserver. Alors reprends ton autorité de roi et gagne-la, avant que la lignée de Scar ne l’emporte. Son sang ne connaît aucune pitié pour les faibles, et tu en es devenu un. »

Voilà qui devrait suffire à le faire réfléchir. Laissant le roi Kovu méditer ses paroles, la vieille carne traîna son corps transi de froid jusqu’au fond du rocher, où elle put terminer sa nuit au chaud. Quelque soit l’issue du conflit, celui qui l’emporterait deviendrait un meilleur roi.

[Fini pour moi ]