C'était le début de la fin. (Libre)

Quelques jours avaient passés. J'avais enfin arrêté de pleurer. La tristesse avait laisser place à la haine. La colère contre moi même. Je me détestais, du plus profond de mon coeur, à la plus petite parcelle de mon esprit. Mon frère... Il devait sûrement être mort à l'heure qu'il était. Rien qu'à cette idée, un frisson me parcourra l'échine, et je me sentis mal à nouveau. J'avais peut-être cessé de verser des larmes, mais ça ne changeais rien. Une sensation bizarre avait pris pars de moi, quelque chose que je n'avais jamais ressenti. Je ressentais de la haine pour toute chose vivante sur cette terre.

Depuis le tragique accident, je ne m'étais pas nourris. Je me laissais un peu dépérir, si on pouvais appeler cela ainsi. J'avais bu quelques gorgées d'eau troubles. Je dormais 22h sur 24h. La vie que je menais avait changé en tout point. Et j'étais perdu, je ne savais plus quoi faire, ni ou aller. Il était hors de question que je rejoigne ma mère, j'étais tellement honteux. Je n'oserai pas même la regarder en face, ni lui parler.

La tête commençais à me tourner, sûrement le manque de nourriture. Je ne savais pas trop si c'était dû au stress, à la dépression où parceque je n'avais rien avalé depuis quelques jours. Un peu des trois, sûrement. Les seuls fois où je ne dormais pas, c'était pour avancer. Je marchais sans trop savoir ou j'allais, je ne connaissais plus ces endroits. Je n'y avais jamais mis les pattes. Cette longue marche m'avait mené dans un lieu glacial. Le sol était recouvert d'une chose blanche et toute mouillée, me gelant les pattes. Je n'avais jamais vu cela auparavant. C'était assez intriguant. Autrefois, je m'y serais attardé, cherchant d'où celà venait, comment c'était fait. Mais j'avais perdu ma curiosité, le goût à la vie. J'avançais, encore et encore, jusqu'à l'épuisement. Mes pattes ne me portaient plus, et je fus contraint de m'allonger sur le sol. Je fermais les paupières, avant de partir dans un sommeil lourd et agité.

Yeux fermés, j'entendis une voix qui m'était familière... Je me laissais tomber sur le côté, sur le dos, avant d'ouvrir faiblement les paupières. J'essayais de me calmer, de rassembler mes esprits bien que cela soit plus compliqué qu'il n'y parait. Je ne tardais pas à mettre un nom sur cette voix que j'avais entendu presque tout les jours depuis ma naissance, celle de mon cousin.

" Taha... "

Je tentais d'articuler, mais j'avais la bouche sèche et pâteuse. Ce fût le seul son que je réussis à sortir, deux malheureuses syllabes. Je ne savais pas si il m'avait entendu, je n'avais plus de forces, même pas assez pour parler. Le manque d'eau et de nourriture m'avait tellement affaibli, que je ne pouvais pratiquement plus rien faire. J'avais sérieusement besoin d'aide, et Taha était sûrement ma dernière chance. Mais après tout, cela en valait-il la peine ? Moi même, vallais-je la peine de vivre ? Non, bien sur que non. Mais l'instinct de survis l'emporta sur le reste, et je me rendis compte en plus du "monstre" que j'étais, je n'avais aucun courage, et je faisais que fuir ce que je méritais.

" J'ai...faim... "

J'ouvrais encore un peu plus les paupières, et j'observais le visage de mon cousin, qui était penché au dessus de moi, un air inquiet collé sur le visage. En effet, je devais faire peur. J'étais maigre, mes os étaient apparent. Je ne devais pas inspirer la joie de vivre, ça c'est sur.

J'entendais mon cousin appeler à l'aide, le pauvre ne pouvait rien faire pour moi seul. Il baragouinait des mots que je ne cherchais même pas à comprendre, je n'avais pas la force de réfléchir même à la plus minime des choses. La chose blanche et mouillée reposant sur le sol commençait à me geler le corps tout entier, et je ne sentais bientôt plus mes membres.

" Tiens bon, Sarhan, j'vais trouver quelque chose, je te le promet ! D'ici là ne t'endors pas ! "

Je soulevais lentement le regard vers Taha, avant d'acquiescer faiblement d'un signe de tête. Il ne fallait pas que je m'endorme, non vraiment pas, car je ne savais même pas si me pourrai me réveiller. Lutter contre le sommeil était une chose quasi impossible. Mes paupières se fermaient toutes seules, et je les rouvrais quelques secondes après. Cela dura de longues minutes, qui me parurent une éternité.

Je commençais à perdre espoir quand Taha finit par débarquer, un morceau de viande dans la gueule, qui s'avérait être une patte d'antilope. Je lui lançais un regard de remerciement, avant de m'allonger sur le ventre et de manger lentement la chair tendre. Je n'avais plus eu le goût de la viande depuis pas mal de temps, et ça faisait énormément de bien de manger un peu. Une fois rassasié, je me levais doucement, la tête ne me tournant plus tôt, et m'assis en face de Taha.

" Merci... Sans toi, je ne sais pas dans quel état je serai... "

" Ca fait bizarre de te revoir. Tante Vitani pensait que tu étais mort... "

Bien évidemment. Et cela aurait été bien mieux comme ça. J'aurais préféré mourir à la place de mon frère, et si seulement je pouvais retourner en arrière... Je secouais la tête, comme pour me sortir cette idée de l'esprit. De toute façon, cela n'étais pas possible. Rien ne redeviendrait comme avant, par ma faute...

« S'il te plait Taha, surtout, ne lui dis pas que tu m'as vu. Ne lui dis pas que je suis vivant, je t'en supplie. »

Oh non, c'était bien la dernière des choses à faire. Je ne voulais plus jamais recroiser le regard de ma mère, j'étais remplis de honte, et jamais je n'oserai la regarder en face. Je me disais pourtant qu'au fil du temps je serai bien amené à la croiser, mais avec un peu de chance elle ne me reconnaitrait même pas. Je ne savais d'ailleurs pas où aller, rester sur ces terres, où me diriger vers celle des exclu. Se serait sûrement un bon exutoire. Cependant, je n'en parlais pas à mon cousin. Il était sûr qu'il n'approuverai pas ma décision, et qu'il tenterait de m'en dissuader. Je n'avais pas encore fais mon choix mais je ne voulais pas être influencer, je voulais prendre cette décision seul, sans personne pour me dire quoi faire. Je changeais de sujet, avant de me relever.

« Est-ce que des choses ont changés au rocher ? »

J'écoutais Taha attentivement, il parlait de la vie au rocher, me racontait ce qu'il s'y passait. Il évoqua les tensions entre ma mère et les lionnes du rocher, chose qui ne m'étonna pas vraiment. J'étais quasiment sûr que cela finirait par arriver. Elle n'étais pas faites pour la vie au rocher, c'était certain, et tout le monde le savait au fond. Se prélasser à longueur de journée comme le faisais toutes les lionnes n'étais pas du tout son genre, elle étais faite pour bouger, chasser, combattre. Kovu fermait les yeux la dessus, il faisait comme si tout allait bien, alors que cela n'était pas du tout le cas. Taha me confirma donc que rien n'avait tellement changé que ça, depuis "l'accident".

« Ca ne m'étonne pas vraiment. »

Je vis mon cousin diriger son regard vers le rocher, et anticipais ce qu'il allait me dire.

« Ma décision est prise, je ne reviendrais pas. Jamais. »

C'était bel et bien la seule chose sur laquelle je n'avais aucuns doutes. Après tout, la situation ne pouvait pas être pire que ça, j'avais déjà atteins le summum. Alors être seul m'importais peu.

« Et toi, tout va bien ? Eden et Tahina aussi ? »